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dimanche 21 janvier 2007

Harold Saint Jean et texte de Jean Métellus

Signé Harold Saint-Jean - Jacmel

Ce qui frappe aussi l'observateur plus ou moins attentif aux couleurs, c'est la profusion du bleu et du rouge dans les peintures spontanées qui inondaient le pays et cela remet en mémoire ce que Baudelaire écrivait "Les coloristes sont des poètes épiques". Ces deux couleurs ont été probablement sélectionnées pour rappeler le retour du drapeau officiel bleu et rouge sur les édifices publics. Mais nos peintres de rues ont un sens relativement aigu, clair et distinct de la couleur. Ils pensaient aussi probablement que ces couleurs qui étaient de retour avec le départ des Duvalier pouvaient avoir une signification agréable, joyeuse et bénéfique pour le pays et ses enfants.
Nos peintres de la rue sont des hommes de cœur dominés littéralement par leur sujet, assiégés par leur sens, sans maîtrise aucune sur les thèmes de leurs préoccupations, c'est pourquoi ils peuvent en donner une idée brute, brutale, pleine de passions et de fureur, représentative donc de leurs vœux, de leur attente non déguisée. Ils ne nous offrent pas cette oeuvre d'art que nous livre le peintre professionnel ou de métier dont le cerveau a filtré ses sensations, qui n'a pas laissé son cœur seul maître à bord. Car avec le cœur c'est le règne de la passion féroce et exclusive. La peinture des rues d'Haïti rend tangible, sensible, l'extraordinaire pouvoir créateur de chaque Haïtien. Cette peinture des rues c'est l'expression de la vie que le peuple attend et dont il rêve, c'est un besoin irrépressible qui pourrait même effrayer, car « le peintre anonyme donc le peuple » veut tout et tout de suite et sans restriction. Cette demande est forte et peut-être même exagérée. La satisfaire c'est renoncer soi-même à la tranquillité d'esprit, car le peuple n'acceptera pas de manque ou d'à peu près. Il compte tout de suite sur le gros lot. Et on comprend que le leader charismatique qui a su déchiffrer ce message impatient et menaçant ait répondu par ce slogan judicieux : « pep vayan se pep ki oganize » (un peuple vaillant est un peuple organisé) remettant donc au temps d'après l'organisation, le temps de la révolte ; et aussi qu'il ait dit pour calmer l'impatience que « lit pep la fèk konmanse » c'est à dire que la lutte ne fait que commencer (Il faut donc être patient).

Extrait de l'article de Jean Métellus à propos du livre de Mireille Nicolas "Les murs peints d'haïti".

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Autres tableaux et objets naïfs accompagnés d'extraits (essais ou articles)

1 commentaire:

Admin a dit…

Le marché, mer et le ciel Haïtien.

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